Contexte du marché de l’énergie en 2018

Après un recul pendant le premier trimestre, l’année 2018 s’est caractérisée, dans la continuité de l’année 2017, par une progression forte et régulière des cours des matières premières. Un renversement de tendance a été observé à partir du quatrième trimestre. Des évolutions similaires ont été constatées pour les cours de l’électricité qui suivent globalement les matières premières à l’exception de la fin d’année, où l’électricité a continué à afficher une progression marquée.
Céline Versavaud

Céline Versavaud

Enoptea

1. HAUSSE GÉNÉRALE DES PRIX DES MATIÈRES PREMIÈRES EN 2018 

       a. Hausse du prix du pétrole puis baisse de 40 %  :


Les marchés du pétrole ont été très agités en 2018.

Le baril de Brent poursuit la hausse entamée en 2017 et débute l’année à 67 $/bbl. Ce prix a marqué une tendance nettement haussière sur les trois premiers trimestres, soutenue par :

  • L’annonce du président des Etats-Unis de la sortie de son pays du traité sur le nucléaire iranien, empêchant l’Iran d’exporter son pétrole ;
  • La production en chute au Venezuela.

 

D’autres annonces ont pourtant eu des effets baissiers sur les marchés, telles que :

  • Les prémices de la guerre commerciale entre la Chine et les Etats-Unis
  • L’augmentation de la hausse de production de l’OPEP20


Cependant, ils n’ont pas entravé l’ascension du Brent, qui a ainsi atteint début octobre le plus haut niveau depuis cinq ans avec 86 $/bbl.

Alors que certains analystes prévoyai=ent le franchissement de la barre symbolique des 100 $/bbl, à partir d’octobre, le prix a lourdement chuté sur les mois suivants avec une perte de 23% enregistrée en novembre, soit la plus forte baisse mensuelle depuis la crise financière de 2008-2009.

Cette forte baisse a été déclenchée par les craintes d’affaiblissement de la demande, notamment dans le contexte de la guerre commerciale sino-américaine.

 

Côté production, des facteurs concomitants ont soutenu la chute :

  • L’Arabie Saoudite, la Russie et surtout les Etats-Unis ont affiché des chiffres élevés de production, près de leurs niveaux records.
  • Les Etats-Unis ont octroyé des exemptions permettant à huit pays de continuer à importer du pétrole iranien. L’offre excédentaire a ainsi conduit l’OPEP à réduire sa production en décembre 2018 à hauteur de 1,2 millions de barils par jour.

 

L’année se solde ainsi avec un prix sous la barre des 50 €/bbl à un niveau près de 20 % inférieur à celui de début janvier. Le prix moyen sur l’année s’est établi à 60,7 €/bbl, soit une hausse de 25 % par rapport à la moyenne de 2017.

L’année 2018 a également été caractérisée par le passage de la demande mondiale de pétrole au-dessus de la barre des 100 millions de barils par jour (mbj).

Autre fait marquant de l’année 2018, les Etats-Unis sont devenus le premier producteur mondial de pétrole brut devant la Russie et l’Arabie Saoudite, notamment grâce à l’essor important du pétrole de schiste.

 

       b. Hausse des prix du charbon puis fort recul fin 2018 :


Les prix à terme du charbon API2 du produit calendaire Y+1 se sont établis en moyenne à 78 €/t en moyenne en 2018 contre 73 €/t en moyenne en 2017, soit une hausse d’environ 6 %. Cette quasi-stabilité est néanmoins le résultat d’une hausse importante sur les trois premiers trimestres avec un pic de prix à 89 €/t fin octobre suivi par une forte chute sur les deux derniers mois.

Outre les tendances haussières observées sur les marchés des autres matières premières, l’évolution des marchés du charbon a été guidée par la forte demande de l’Asie, notamment la Chine suite à des épisodes de chaleur.

Le prix a ensuite chuté sur le mois de novembre, toujours en lien avec la Chine, qui, ayant cumulé des stocks importants de charbon à l’approche de l’hiver et enregistrant une bonne production d’électricité renouvelable, a mis en place des restrictions portuaires afin de contenir ses importations du charbon sur la fin de l’année 2018.

 

 

2. UNE ANNÉE MARQUÉE PAR UNE TRÈS FORTE SAISONNALITÉ


Le bilan climatique de 2018 fait état de températures plus chaudes par rapport aux normales et à celles observées en 2017. Les aléas climatiques, néanmoins marqués au fil des mois, ont eu des conséquences sur la demande d’électricité en France et en Europe, avec des effets perceptibles sur les marchés de gros.

Ces variations se reflètent sur la consommation électrique, notamment au cours de la vague de froid hivernale de février-mars 2018. Par ailleurs, les niveaux de pluviométrie de 2018 ont été légèrement en dessus de la normale et bien plus haut par rapport à 2017, ce qui a permis d’augmenter le niveau des stocks hydrauliques et la production d’hydro-électricité.

 

 

3. TRIPLEMENT DU PRIX DU QUOTA DE CO2


L’année 2018 continue la tendance haussière du quota de CO2 débutée au troisième trimestre 2017. Alors que l’année 2017 se clôturait à un prix de 8,2 €/tCO2 en 2017, ce qui représentait alors une hausse de 20% par rapport à l’année précédente, l’année 2018 se clôture avec un prix de 24,6 €/tCO2, soit un triplement du prix au cours de l’année.

Le maximum atteint dans l’année, en septembre 2018, s’élève à 25,2 €/tCO2. Ce prix est aussi le maximum jamais atteint depuis 10 ans et surtout depuis le début de la phase III de l’EU ETS, en 2013, qui avait, entre autres, introduit la mise aux enchères comme méthode par défaut pour l’allocation des quotas.

 

La tendance haussière affichée par le prix des quotas de C02 a été notamment impulsée par :

  • Le cadre réglementaire du marché EU ETS. En janvier 2019, l’entrée en service de la réserve de stabilité du marché (MSR) annonce une restriction du volume de permis en circulation. Ce contexte, qui laisse supposer des réductions de l’offre disponible, a impulsé un mouvement à l’achat.
  • A plus court terme, cette augmentation est aussi liée à celle des autres matières premières, notamment du gaz et du charbon. Un volume de 13,4 GtCO2 s’est échangé en 2018 sur les bourses et via courtiers, soit une hausse de plus de 60 % par rapport à l’année 2017.

 

En fin d’année 2018, le prix du quota a subi des mouvements de prix à la baisse en raison, entre autres, des discussions en cours sur la sortie du Royaume-Uni de l’Union Européenne, qui traduisaient des incertitudes sur l’avenir du marché.

 

 

4. CONCLUSION


L’année 2018 s’est donc caractérisée dans sa majeure partie par une hausse générale du prix de gros des matières premières. Entre janvier et décembre 2018, le prix du gaz a augmenté de 17 à 22 €/MWh et celui de l’électricité de 42 à 60 €/MWh.

Pour autant, le niveau absolu de ces prix reste dans la moyenne historique des douze dernières années. L’historique des prix permet d’ailleurs de constater qu’un cycle haussier se dessine depuis 2016 et que des sommets bien plus importants ont été atteints antérieurement, notamment avant la crise financière de 2009 qui enregistre un pic de prix à 93 €/MWh pour l’électricité, 42 €/MWh pour le gaz, 138 €/t pour le charbon et 90 €/bbl pour le pétrole. La corrélation entre les prix des matières premières et celui du pétrole en particulier reste significative dans la dynamique des marchés.

 

Comprendre les principaux influenceurs des prix de l’électricité et du gaz

 

Source : https://www.cre.fr/Documents/Presse/Communiques-de-presse/Le-rapport-de-surveillance-des-marches-de-gros-de-l-electricite-et-du-gaz-naturel-de-2018

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Publié le 10/10/2019

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