PPE3 : la nouvelle feuille de route énergétique de la France

La France ajuste régulièrement sa politique énergétique pour relever les défis climatiques, économiques et géopolitiques actuels. Son objectif est de garantir un futur à la fois moins dépendant du carbone et plus autonome sur le plan énergétique. Pour cela, la Programmation Pluriannuelle de l’Énergie (PPE) constitue l’outil central de cette planification. En 2025, une nouvelle étape est engagée avec la PPE3, qui trace les grandes orientations de la politique énergétique française pour la décennie à venir. Quels sont ses objectifs, ses enjeux, et pourquoi suscite-t-elle autant de débats ?

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Emilien Mota

Enoptea

Energie France PPE3

1. Quels sont les grands objectifs de la PPE3 ?


Prévue par la loi du 17 août 2015 sur la transition énergétique pour la croissance verte, la Programmation Pluriannuelle de l’Énergie (PPE), est un véritable outil de pilotage de la politique énergétique. Elle définit la feuille de route énergétique de la France en fixant des objectifs de production et de consommation d’énergie.

Qu'est-ce que la Programmation Pluriannuelle de l'énergie (PPE) ?

La PPE (Programmation Pluriannuelle de l’Énergie) est un outil stratégique qui guide la politique énergétique de la France sur 10 ans (révisé tous les 5 ans). Elle fixe les priorités pour réussir la transition énergétique, garantir la sécurité d’approvisionnement et réduire la dépendance aux énergies fossiles. La PPE s’inscrit dans le cadre de la Stratégie Française pour l’Énergie et le Climat (SFEC), en complément de la Stratégie Nationale Bas-Carbone (SNBC) et du Plan National d’Adaptation au Changement Climatique (PNACC). Elle oriente les investissements, définit des trajectoires chiffrées par secteur (transport, bâtiment, industrie…), et encourage le développement de technologies comme l’hydrogène ou le stockage. Élaborée par l’État après concertation, la PPE sert de cadre commun pour l’action à tous les niveaux du territoire.

 

Cette troisième édition de la PPE couvre la période 2025-2035 et trace la trajectoire à suivre pour atteindre la neutralité carbone à horizon 2050. Elle précise ainsi les actions à entreprendre pour réduire les émissions, favoriser le développement des énergies renouvelables et renforcer la souveraineté énergétique du pays.
Les principales orientations de cette nouvelle PPE sont les suivantes :

  • Réduction des énergies fossiles : passer de 60 % en 2023 à 42 % en 2030, puis à 30 % en 2035
  • Accélération de l’électrification bas carbone : augmenter la part de l’électricité dans l’énergie consommée, de 27 % en 2023 à 39 % d’ici 2035.
  • Relance du nucléaire : contrairement à la précédente PPE (2019-2024), aucune fermeture de réacteurs n’est envisagée, mais un soutien est apporté au développement de nouveaux projets nucléaires.
  • Développement des énergies renouvelables hors électricité : géothermie, biomasse, etc., doivent passer de 15 à 30 % de la consommation finale d’ici 2035.

 

 

2. Pourquoi la PPE3 suscite-t-elle des débats ?


Le projet de PPE3 fait l’objet de vifs débats, tant au sein du monde politique que parmi les acteurs économiques et énergétiques. Plusieurs critiques majeures émergent :

  • Un plan jugé irréaliste : L’objectif de consommation d’électricité pour 2035 (692 TWh) semble trop ambitieux comparé à la situation actuelle (450 TWh). Il paraît difficile à atteindre au regard de la dynamique économique actuelle et des capacités limitées de l’industrie française.

  • La variabilité des énergies renouvelables : Le solaire et l’éolien, principales sources d’énergies renouvelables développées, restent des moyens de production intermittents. Leur développement pose des défis pour la stabilité du réseau, sans solutions de stockage ou de pilotage.

  • Des investissements colossaux nécessaires : Le coût total du développement des énergies renouvelables est estimé à environ 300 milliards d’euros. Cette somme suscite des inquiétudes quant à un possible déséquilibre financier et à la nécessité d’arbitrages budgétaires complexes.

  • Un risque de perte de compétitivité : L’industrie française pourrait souffrir d’une hausse importante du prix de l’électricité, impactant la compétitivité internationale et menaçant certains secteurs énergivores.

  • Dépendance accrue aux marchés internationaux : En misant massivement sur certaines technologies et sur l’importation de matériaux ou d’énergie à court terme, la France pourrait affaiblir sa souveraineté énergétique, l’un des objectifs initiaux de la PPE.

Enfin, la méthode d’adoption du texte, par décret et non par loi, est-elle aussi source de tensions. Certains acteurs dénonçant un manque de débat démocratique sur des choix structurants pour l’avenir énergétique du pays. Prévue initialement pour mi-2023, la PPE3 a connu un retard significatif. Elle n’est aujourd’hui qu’en phase de consultation parlementaire et citoyenne, et sa version définitive n’est attendue qu’à l’été 2025.

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Publié le 05/05/2025

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